Vitamine E
La vitamine E est le principal antioxydant liposoluble dans le corps. Il a également été démontré qu'elle possède d'autres propriétés en plus d'être un antioxydant important. Elle se trouve dans les membranes cellulaires et contribue à empêcher les graisses insaturées d'être oxydées par les radicaux libres. La vitamine E a été découverte il y a 100 ans et est depuis au centre de nombreuses études sur différents aspects de la santé, des cicatrisations cutanées au cancer et aux maladies cardiovasculaires, et pour beaucoup de ces domaines avec des résultats encore débattus. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir sur la vitamine E, notamment en ce qui concerne son effet sur la peau.
PUCA - PURE & CARE utilise le dérivé synthétique l’acétate de tocophérol.
PRODUITS AVEC DE LA VITAMINE E
VITAMINE E
DÉCOUVERTE ET STRUCTURES CHIMIQUES
En 1922, on a découvert un facteur alimentaire jusque-là inconnu, essentiel à la reproduction chez le rat. Ce « facteur de fertilité » inconnu s'est avéré être présent, par exemple, dans les légumes à feuilles vertes, les feuilles de luzerne, le blé et l'avoine. La substance a été isolée en 1935 à partir d'huile de germe de blé et la formule empirique (formule brute) s'avère être C29H50O2. À la fin des années 1930, on a dérivé la formule structurelle, voir la structure supérieure de la figure 1, synthétisé la substance, et baptisé α-tocophérol. Le nom vient du grec « tokos », qui signifie naissance et « phero » qui signifie produire. On y a ajouté le suffixe «ol » pour préciser qu'il s'agit d'un alcool (contient un groupe OH). On a vite découvert que le tocophérol est un antioxydant essentiel, et c’est surtout pour cette propriété que la vitamine E est reconnue. Dans les années 30 et 40, on a isolé et dérivé la formule structurelle de 3 autres substances très similaires. Celles-ci avaient des propriétés antioxydantes similaires. Les 4 tocophérols ont reçu les symboles α (alpha), β (bêta), γ (gamma) et δ (delta). Ce n'est que dans les années 50 et 60 qu’on a découvert et dérivé les formules structurelles d'un groupe de 4 autres substances similaires : Les tocotriénols. Comme les tocophérols, ils ont reçu les symboles α (alpha), β (bêta), γ (gamma) et δ (delta). On a depuis choisi d'appeler l'ensemble de ces 8 molécules vitamine E, ce à quoi tout le monde n'est pas favorable, car il a notamment été démontré qu'elles ont des propriétés différentes. On a par exemple découvert que certaines de ces substances peuvent affecter diverses signalisations dans les cellules, la régulation des gènes, les processus membranaires et les fonctions nerveuses.
Globalement, les molécules de vitamine E se trouvent principalement dans les huiles végétales. Sous leur forme pure, ce sont des huiles visqueuses, jaune clair et quasi inodores. Elles peuvent s’oxyder relativement facilement lorsqu'elles sont exposées à la chaleur, à la lumière et à des conditions basiques. Il est donc préférable, à bien des égards, de les stabiliser en mettant par exemple un groupe chimique sur l'atome O du groupe OH et en formant ainsi un dérivé ; le dérivé le plus courant du tocophérol est probablement l'acétate de tocophéryle.
L'α-tocophérol est la molécule de vitamine E que l’on trouve le plus couramment dans les aliments et, pour l’être humain, la principale forme active. Par conséquent, on en sait davantage sur l’α-tocophérol et c’est souvent la molécule à laquelle on se réfère lorsqu’on parle de vitamine E.
Les 8 molécules de vitamine E α-, β-, γ- et δ-tocophérol et α-, β-, γ- et δ-tocotriénols sont des molécules naturelles lipophiles (qui aiment les graisses). Les molécules sont constituées d'une structure cyclique et d'une chaîne latérale. C’est la structure de la chaîne latérale qui fait la différence entre les tocophérols et les tocotriénols. Voir les deux structures sur la figure 1. La différence entre les isoformes α, β, γ et δ réside dans l'emplacement et le nombre de groupes méthyle (CH3) et d'atomes d'hydrogène (H) sur la structure cyclique. Voir le tableau sous les deux structures de la figure 1 : Il existe deux emplacements (R1 et R2) qui peuvent recevoir soit un groupe méthyle, soit un atome d'hydrogène. La figure 1 montre, par exemple, que les isoformes α du tocophérol et du tocotriénol contiennent un groupe CH3 dans les deux positions, tandis que les isoformes δ ont des atomes d’hydrogène dans ces deux positions et que les isoformes β et γ ont un groupe CH3 dans chaque position.
Table header 0 | α | β | γ | δ |
---|---|---|---|---|
R1 | CH3 | CH3 | H | H |
R2 | CH3 | H | CH3 | H |
Figure 1 : Structures du RRR-tocophérol en haut et du R-tocotriénol en bas. Le tableau montre la distribution des groupes méthyles et des atomes d'hydrogène dans les positions R1 et R2 et donc les structures des isoformes α-, β-, γ- et δ de tocophérol et tocotriénol.
La figure 1 représente des liaisons cunéiformes en pointillés et une liaison cunéiforme plus épaisse dans chaque structure. Celles-ci montrent la structure spatiale des molécules : les liaisons cunéiformes en pointillés s'éloignent de l’observateur et les liaisons cunéiformes plus épaisses pointent vers l’observateur. C’est ce qu’on appelle la stéréoisomérie et signifie que, selon la façon dont les liaisons pointent dans la structure tridimensionnelle, on peut avoir 2 structures spatiales différentes, appelées énantiomères R et S. Puisque le tocophérol présente 3 endroits où il peut y avoir une différence dans la structure spatiale, il peut apparaître dans 8 énantiomères différents : RRR, SRR, RSR, RRS, RSS, SSR, SRS et SSS ; alors que le tocotriénol n'existe qu’en 2 énantiomères : R et S. Les énantiomères peuvent avoir une activité biologique différente (1*).
Dans la nature, on ne les que l'énantiomère R, car les enzymes qui catalysent la synthèse garantissent que c'est bien cette organisation spatiale qui se forme. Ainsi, l'α-tocophérol naturel peut être appelé RRR-α-tocophérol (il est également appelé d-α-tocophérol). Lorsqu’on synthétise chimiquement l'α-tocophérol, les 8 énantiomères peuvent se former, de sorte qu’on obtient un mélange égal des 8 énantiomères de l'α-tocophérol. Un tel mélange est appelé α-tocophérol racémique (ou dl-α-tocophérol). Il a été démontré que le RRR-α-tocophérol naturel est « préféré » par l'organisme, car il a, par exemple, une meilleure affinité pour la protéine α-TTP dans l'organisme, ce qui contribue à son absorption.
(1*) La thalidomide est un exemple bien connu de deux énantiomères ayant des effets biologiques différents : L'énantiomère R avait l'effet sédatif souhaité, tandis que l'énantiomère S était tératogène et était la cause de nombreuses malformations chez les nouveau-nés à la fin des années 50 et au début des années 60.
VITAMINE E
- SOURCES, QUANTITÉS ET CARENCE
Les vitamines sont des substances que le corps ne peut pas produire lui-même (quelques-unes peuvent être produites dans le corps, mais pas en quantité suffisante) et doivent donc être apportées de l'extérieur. La vitamine E est présente dans de nombreux aliments. Les graines, les fruits à coques, les huiles végétales et le jaune d'œuf sont parmi les sources les plus riches en vitamine E.
Seuls les organismes capables d’effectuer la photosynthèse, c’est-à-dire les plantes et les organismes tels que les algues et les cyanobactéries, peuvent synthétiser la vitamine E. Comme mentionné, cela se produit via des enzymes spécifiques qui assurent la formation des énantiomères R. La composition des différentes molécules de vitamine E varie considérablement selon les sources. Par exemple, les huiles de palme, de colza, d’amande, de tournesol et surtout de germe de blé contiennent des niveaux élevés d’α-tocophérol, tandis que l’huile de germe de blé contient également une grande quantité de β-tocophérol. Le γ-tocophérol se trouve principalement dans l’huile de maïs, de colza et de soja, tandis que le δ-tocophérol se trouve, par exemple, dans l’huile de soja. Par rapport aux tocotriénols, on les trouve le plus souvent à des concentrations plus faibles, mais l'huile de palme et l’huile de son de riz par exemple contiennent une quantité relativement importante d'α-tocotriénol et γ-tocotriénol. Il existe également des huiles spéciales qui contiennent beaucoup de tocotriénols et presque pas de tocophérols (mais généralement elles ne font pas partie des aliments les plus courants).
Les plantes produisent principalement de la vitamine E en raison de ses propriétés antioxydantes, pour se protéger par exemple contre les rayons UV et protéger les lipides des graines de l'oxydation, appelée dans ce cas rancissement.
L'apport journalier recommandé est légèrement différent suivant les régions du monde et les institutions responsables des évaluations. Mais généralement, on recommande environ 15 mg/jour pour les adultes. En plus de l'apport journalier recommandé, on peut également parler de l'apport journalier accepté. Dans l’UE, l’EFSA est responsable de l’évaluation des aliments et des additifs alimentaires (dont fait également partie la vitamine E). Dans son dernier rapport, l’Autorité européenne de sécurité des aliments n’a pas fixé de DJA, mais un niveau d'apport maximal tolérable (AMT) de 300 mg/jour, à partir des études sur les effets secondaires de la vitamine E. Le comité d’experts FAO/OMS sur les additifs alimentaires (2*) a déterminé une DJA, à partir d’essais sur des sujets humains et du fait que la vitamine E est un nutriment essentiel, de 0,15-0,2 mg/kg/jour pour le dl-α-tocophérol (tout racémique α-tocophérol), ce qui correspond à environ 10-15 mg/jour pour un adulte.
En général, la vitamine E est considérée comme très sûre (très faible toxicité), et aucun effet secondaire indésirable n'a été documenté lors de la consommation de tocophérol par voie orale. Là où le risque peut intervenir, c'est à des niveaux de supplémentation très élevés, où des études ont montré un temps de coagulation sanguine plus long (tendance à saigner), ainsi qu’à plus de 1000 mg/jour, où il a été prouvé qu'il peut alors agir comme un pro-oxydant. Il est connu que les antioxydants ont un effet antioxydant à des concentrations relativement faibles. Certains peuvent cependant avoir l'effet inverse (pro-oxydant) à des concentrations élevées.
L'apport en vitamine E varie beaucoup selon les régions du monde. Une étude de grande envergure a montré que la majorité de la population mondiale n’atteint pas l’apport recommandé de 15 mg/jour, notamment parce que les huiles et autres aliments que l’on consomme principalement sont différents en termes de teneur en vitamine E et de composition des molécules de vitamine E. Ceci a une importance pour son efficacité, puisque c’est principalement l’α-tocophérol qui peut être absorbé et avoir un effet sur le corps. Par exemple, l’huile de maïs et l’huile de soja contiennent une grande quantité de γ-tocophérol et comme ces huiles font partie des huiles les plus utilisées aux États-Unis, les américains consomment moins de vitamine E que les habitants de certains pays européens, qui consomment plus d’huiles de tournesol et d’olive, qui contiennent plus d'α-tocophérol.
Les symptômes de carence en vitamine E sont généralement rares, mais peuvent, par exemple, survenir chez les bébés nés prématurément, chez les personnes ayant une capacité réduite à absorber la vitamine E ou les graisses en général, et chez les personnes qui ont une mutation dans le gène de la protéine qui est responsable de l'absorption de l’α-tocophérol (la protéine est appelée protéine de transfert α-tocophérol, abrégé α-TTP).
Les symptômes d'une carence en vitamine E sont principalement des dysfonctionnements neurologiques tels que de mauvais réflexes, un manque de contrôle des mouvements musculaires, un manque de sensation, une mauvaise vision et un retard mental. De plus, on a observé un système immunitaire plus faible.
(2*) A rejoint le Comité d'experts FAO/OMS sur les additifs alimentaires.
LA VITAMINE E DANS LE CORPS
L'absorption par l'intestin semble être la même pour les différentes molécules de vitamine E, mais dépend de plusieurs facteurs ; par exemple de la composition du contenu de l'intestin (les aliments que vous avez consommés et d'autres facteurs). Par exemple, les fibres alimentaires peuvent inhiber l'absorption de la vitamine E, tandis que les graisses peuvent favoriser son absorption. Diverses études sur l’absorption de la vitamine E par l'intestin varie de 20 à 80 %, une fourchette plutôt large, ce qui montre que de nombreux facteurs peuvent jouer un rôle, y compris la méthode de l'analyse. Les dérivés de vitamine E ingérés par voie orale tels que l'acétate de tocophéryle (qui est courant dans les compléments alimentaires) sont largement hydrolysés en tocophérol dans l'intestin avant d’être absorbés. Ce qui n'est pas absorbé par l'intestin est excrété dans les fèces.
De l'intestin, elle passe dans le sang et comme le sang est liquide et que la vitamine E est liposoluble, le transport est un peu complexe. La vitamine E et d'autres substances lipophiles ne peuvent pas simplement circuler librement dans le sang et sont donc transportées dans le sang sous forme de complexes particulaires spéciaux appelés lipoprotéines. Les lipoprotéines existent en différentes tailles et ont différentes qualités. Elles sont généralement divisées en fonction de leur densité, par exemple en chylomicrons, LDL (Low Density Lipoprotein) et HDL (High Density Lipoprotein). Beaucoup connaissent probablement les LDL et HDL en raison de leur importance pour le transport du cholestérol. Les lipoprotéines sont généralement constituées de diverses substances liposolubles, telles que les triglycérides, le cholestérol et les vitamines liposolubles, et en surface de certains lipides plus amphiphiles tels que les phospholipides et surtout les protéines, qui sont importantes pour les interactions avec les tissus et d’autres substances dans le corps.
Les lipoprotéines contenant de la vitamine E passent de l'intestin au foie par le sang. Dans le foie, il se passe plusieurs processus importants et complexes impliquant les molécules de vitamine E. En bref, la protéine spéciale α-TTP (α-Tocopherol Transfer Protein) sélectionne spécifiquement (RRR) l’α-tocophérol et aide à ce que celui-ci soit à nouveau incorporé dans une nouvelle lipoprotéine et soit à nouveau transporté du foie vers le sang. De cette manière, elle est distribuée dans les différents tissus et peut y être absorbée. Les autres molécules de vitamine E (β-, γ- et δ-tocophérols et α-, β-, γ- et δ-tocotriénols) ne se lient pas aussi bien à l’α-TTP et ne sont donc pas incorporées dans une aussi grande mesure à une lipoprotéine et envoyées dans le sang. Au lieu de cela, elles sont métabolisées plus rapidement et excrétées via la bile (et donc les fèces) ou via l'urine. L'α-tocophérol naturel a donc une biodisponibilité plus élevée que les autres tocophérols et tocotriénols. Il est donc pertinent d'examiner la distribution des isomères α, β, γ et δ lors de l'évaluation de l'efficacité de la vitamine E dans un aliment.
Dans le sang, environ 90 % des molécules de vitamine E sont de l'α-tocophérol. Sa concentration est d'environ 25 µmol/L mais peut être multipliée jusqu’à 2 à 3 fois selon l'apport. Cependant, il faut dire qu'il existe différentes méthodes d'analyse pour détecter la vitamine E, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients, et il n'est pas toujours facile de comparer les résultats.
Depuis le sang, la vitamine E est absorbée dans les différents tissus où elle est notamment incorporée dans les membranes cellulaires. De plus, la vitamine E est stockée dans les tissus adipeux. On estime qu'environ 90 % de la quantité totale de vitamine E dans le corps se trouve dans les tissus adipeux.
L'excrétion de la vitamine E se produit principalement par l'urine et avant cela, elle est métabolisée en d'autres substances, dont certaines se sont avérées avoir un effet biologique. Par exemple, certains métabolites peuvent inhiber l'agrégation plaquettaire.
Pour la peau, la vitamine E est également importante. C'est l'antioxydant lipophile le plus courant dans la peau, et sa concentration semble être plus élevée dans l'épiderme (les couches supérieures de la peau) que dans le derme. Il atteint principalement l'épiderme via le sébum de la peau, qui est produit dans les glandes sébacées, et est acheminé vers la couche cornée (la couche supérieure de l'épiderme) via les follicules pileux. De là, il est placé dans la matrice extracellulaire et les membranes cellulaires et fait donc également naturellement partie de la surface de la peau. Il a été démontré qu’il s’écoule au moins 7 jours entre le moment où vous avez consommé une molécule d’α-tocophérol et celui où vous pouvez la retrouver dans le sébum. Il a également été démontré que le rayonnement UV peut réduire la quantité de vitamine E dans la peau (principalement dans la couche cornée) et que la concentration dans l’épiderme diminue au niveau des plaies et avec l’âge, ce qui peut suggérer qu’une supplémentation externe peut être pertinente.
Il a été démontré que la vitamine E et ses dérivés appliqués sur la peau pouvaient pénétrer dans la peau, mais la quantité et la durée de pénétration dépendent en grande partie de la composition de l’ensemble du produit. Ils ne pénètrent généralement pas très profondément, mais restent principalement dans la couche cornée. Par exemple, une étude sur de la peau de porc (qui ressemble beaucoup à de la peau humaine) et différentes formulations de produits a montré qu'environ 6 à 12 % de la teneur en vitamine E (1 % de la formulation) pouvait pénétrer dans la peau. Comme mentionné, on sait qu'une partie de la vitamine E à la surface de la peau est oxydée par le rayonnement UV. C’est pourquoi elle est parfois administrée avec de la vitamine C, car cela peut régénérer la vitamine E. De plus, la vitamine E est souvent plus stable car elle est transformée en dérivé, le plus souvent de l’acétate de tocophéryle ou du succinate de tocophéryle, auquel on ajoute un acétate ou un groupe succinate à la place de l’atome H dans le groupe OH. Cela présente à la fois des avantages et des inconvénients. L’avantage principal est que la molécule est alors plus stable face aux effets des rayons UV, tandis que l’inconvénient principal est que la vitamine E agit précisément comme un antioxydant en pouvant libérer cet atome d’hydrogène, qui n’est pas présent dans ces dérivés. Il pourrait être avantageux que les dérivés puissent être métabolisés dans la peau en vitamine E active (et agir ainsi comme un promédicament), mais malheureusement il semble que le métabolisme des dérivés de la vitamine E dans la peau soit généralement très faible.
VITAMINE E
- FONCTIONS
La vitamine E est surtout connue pour être un antioxydant essentiel. Les antioxydants agissent en neutralisant les radicaux libres, des substances hautement réactives qui peuvent endommager par exemple l'ADN et les lipides membranaires (principalement les doubles liaisons des acides gras insaturés dans les lipides) en déclenchant une réaction en chaîne radicalaire. Normalement, les électrons sont appariés, mais les radicaux libres possèdent un électron non apparié, ce qui rend la molécule réactive. En ce qui concerne les molécules de vitamine E, elles fonctionnent en donnant un électron, ou plutôt : la molécule de vitamine E donne un électron à l'atome d'hydrogène du groupe OH. Ainsi, le radical est neutralisé et la réaction en chaîne est stoppée. Une telle réaction est appelée réaction redox, car une molécule (l'antioxydant) est oxydée, tandis que l'autre molécule (le radical) est réduite. Ainsi, la molécule de vitamine E a un électron non apparié (s’il s'agit d’un tocophérol, cette molécule s’appelle un radical tocophéroxyl), mais en raison de sa structure chimique, elle gère mieux un électron non apparié. Elle n’est donc pas tellement réactive et donc relativement stable. Potentiellement, la molécule de vitamine E radicale peut réagir avec, par exemple, une autre molécule de vitamine E radicale à proximité et former un dimère. Elle peut aussi être davantage oxydée ou elle peut réagir avec des lipides insaturés à proximité et agir ainsi comme pro-oxydant et déclencher une réaction en chaîne radicalaire qu’elle vient précisément d’empêcher. Ce qui se passe généralement, c'est qu'elle réagit avec un autre co-antioxydant, ce qui la réduit (régénère) en molécule de vitamine E, de sorte qu'elle peut à nouveau agir comme antioxydant. Cet autre co-antioxydant est souvent la vitamine C (acide ascorbique), qui est elle-même oxydée par la réduction de la molécule de vitamine E et devient ainsi un radical relativement stable. Celui-ci peut réagir avec d'autres co-antioxydants comme le glutathion. Il existe ainsi un réseau d'antioxydants qui s'entraident pour faire face aux radicaux libres et au stress oxydatif qu'ils créent.
Les radicaux libres sont formés par de nombreux processus différents, y compris des processus entièrement naturels tels que le métabolisme et l'inflammation, mais aussi via des influences externes telles que les rayons UV et la pollution (qui en sont les principales causes pour la peau). Les espèces réactives de l'oxygène, abrégées ROS, et les espèces réactives de l'azote, abrégées RNS, sont deux grands groupes de radicaux libres. Les ROS sont les plus courantes dans l’organisme et peuvent être de très petites molécules comme, par exemple, l’anion radical superoxyde (O2•⁻), l’oxygène singulet (1O2, qui n’est pas un radical libre mais peut déclencher la formation de radicaux libres), le radical hydroxyle (•OH) et des molécules plus grosses telles que les radicaux peroxyles lipidiques (ROO•, où R est la fraction lipidique). Les différents antioxydants ont une affinité particulière pour certains radicaux ; par exemple, les molécules de vitamine E sont particulièrement efficaces pour neutraliser (réduire) les radicaux peroxyles lipidiques et l’oxygène singulet. Et il est aussi déterminant que la vitamine E soit lipophile et soit ainsi localisée dans un environnement tel que la membrane cellulaire, qui contient les radicaux liposolubles.
Les quatre tocophérols ont des effets antioxydants similaires dans les études in vitro, mais puisque l'α-tocophérol est le mieux absorbé par l'organisme, il a le plus d'effet sur les humains in vivo. Certaines études récentes montrent que les tocotriénols ont un effet antioxydant plus élevé que les tocophérols, mais puisque l’absorption après une prise orale est relativement faible (comme pour les β-tocophérols, γ-tocophérols et δ-tocophérols) et que la plupart des aliments ne contiennent pas beaucoup de tocotriénols, cela n’a pas beaucoup d’effet sur le corps. Cependant, cela peut être intéressant pour un usage topique des tocotriénols et pour la protection des produits eux-mêmes avec des antioxydants actifs.
En plus d'être antioxydantes, des études indiquent que les molécules de vitamine E ont d'autres propriétés. Par exemple, la signalisation cellulaire en cas d’inflammation, où il a été démontré que l'α-tocophérol peut inhiber un certain nombre d'étapes clés de ce processus. Il semblerait que le fonctionnement de l'α-tocophérol consiste à inhiber les protéines kinases C centrales, qui jouent un rôle important dans de nombreuses signalisations telles que les cytokines, les facteurs de croissance et les hormones. En ce qui concerne l’inflammation, on a, par exemple, constaté que l’α-tocophérol peut inhiber l’agrégation plaquettaire, la production de collagène α1(I) dans les fibroblastes, la libération de certaines interleukines et l’augmentation liée à l’âge de la collagénase dans les fibroblastes cutanés. Certaines autres études suggèrent également que la vitamine E peut influencer la régulation de l'expression de certains gènes et influencer le système immunitaire (certaines études suggèrent un effet inhibiteur et d'autres un effet stimulant sur le système immunitaire).
On pense que la vitamine E joue un rôle important dans le maintien d’une bonne santé, et la prévention et/ou le traitement de certaines maladies. De nombreuses maladies sont associées aux radicaux libres, au stress oxydatif et à l'inflammation. Il est donc logique qu'un antioxydant comme la vitamine E ait un effet bénéfique. Certaines nombreuses études in vivo suggèrent qu'il existe des liens, mais un grand nombre d’autres études in vivo ne montrent pas de lien clair. Ainsi, pour un grand nombre d’aspects de la santé, on n'en sait pas encore assez pour pouvoir conclure que la vitamine E a un réel effet bénéfique. Cependant, une des études les plus importantes réalisées chez l’être humain a montré que des niveaux plus élevés d’α-tocophérol dans le sang (30 µmol/L ou plus) étaient associés à une baisse de mortalité. Du côté positif, une méta-étude a également tenté de trouver une corrélation entre certaines maladies cutanées inflammatoires et le niveau de vitamine E. On a trouvé une corrélation entre de faibles niveaux sériques de vitamine E chez les patients atteints de vitiligo, de psoriasis, d’eczéma atopique et d’acné. Mais on n’a par exemple pas constaté de lien significatif entre le niveau de vitamine E et la sévérité de l'acné. Mais d'autres études n'ont pas trouvé cette corrélation.
En ce qui concerne la peau, des études indiquent que la vitamine E a un effet protecteur face aux dommages causés par les rayons UVB, notamment en ce qui concerne les rougeurs aiguës et les signes du vieillissement. Dans des essais réalisés sur des animaux, il a été montré, par exemple, que l'application d'α-tocophérol et d'acétate d'α-tocophéryle avant et immédiatement après l'irradiation UV réduisait les dommages que l'irradiation UV pouvait causer, comme les dommages oxydatifs sur les lipides et l'ADN. Lors d’essais sur l’être humain, il a également été démontré que la vitamine E sur la peau peut réduire l’oxydation des lipides de surface de la peau, réduire les rougeurs et inhiber la réponse immunitaire que les rayons UV peuvent provoquer. Les plaies et les cicatrices sont un autre sujet intéressant, quand on s’intéresse à la peau et à la vitamine E. On constate une réduction de la vitamine E au niveau des plaies, et la vitamine E est donc souvent utilisée sur les plaies et pour améliorer la cicatrisation (à la fois par voie orale et topique). Mais là encore, les études ne vont pas tous dans le même sens. Donc malgré de nombreuses études, il n’existe pas de preuves concluantes d'un réel effet bénéfique sur les plaies et les cicatrices.
VITAMINE E
- OBTENTION ET UTILISATIONS
Environ 35 000 tonnes de vitamine E sont produites chaque année dans le monde. La vitamine E peut être synthétique, semi-synthétique ou extraite d'huiles naturelles. Au niveau mondial, la méthode de fabrication synthétique est la plus utilisée pour les compléments alimentaires, et souvent sous la forme acétate de tocophéryle, car il est plus stable que le tocophérol. La synthèse elle-même peut se dérouler en différentes étapes et, comme mentionné plus haut, donne un mélange racémique de tocophérols. Avec la méthode de production semi-synthétique, les molécules naturelles de vitamine E sont extraites puis modifiées chimiquement. Il est par exemple possible grâce à une réaction chimique spéciale de convertir un mélange de RRR-α-, β-, γ- et δ-tocophérol en RRR-α-tocophérol uniquement (la forme la plus active). Enfin, la vitamine E peut être extraite des huiles végétales, souvent de l'huile de tournesol et de l’huile de soja. L'extraction peut avoir lieu, par exemple, par distillation moléculaire. Lorsqu’on utilise la vitamine E naturelle dans les cosmétiques, elle est souvent extraite de l’huile de tournesol ou de soja et généralement avec une pureté de RRR-α-tocophérols, β-tocophérols, γ-tocophérols et δ-tocophérols de 70 à 90 % (mélange dépendant de la composition de l’huile d'origine), et le reste est de l’huile végétale et éventuellement un peu de tocotriénol. Dans divers contextes, il peut être avantageux d’avoir de la vitamine E sous une forme plus stable et éventuellement un peu plus soluble dans l’eau. Par conséquent, on a, entre autres, fabriqué des dérivés tels que l'acétate de tocophéryle et le phosphate de tocophéryle. De plus, on a réalisé des nano-émulsions et d'autres types de structures censées aider l’absorption et promouvoir les effets de la substance.
La vitamine E et en particulier le RRR-α-tocophérol est un micronutriment essentiel utilisé dans diverses industries, principalement dans la médecine, l'alimentation et les cosmétiques. Puisqu’elle peut être régénérée en réagissant avec la vitamine C, il peut y avoir un avantage à combiner ces deux vitamines.
En ce qui concerne l’utilisation médicale de la vitamine E, de nombreuses études ont été réalisées sur diverses maladies et la corrélation avec le niveau de vitamine E (principalement α-tocophérol). On trouve parfois une corrélation, mais l’effet du traitement à la vitamine E dans différentes études n’est souvent pas évident. Par exemple, on a mené des études sur les maladies cardiovasculaires, le cancer et la mucoviscidose. Dans le cas d’une maladie, un traitement médical avec de la vitamine E est sans aucun doute efficace, et c’est le cas chez les personnes ayant des défauts génétiques touchant α-TTP. Dans ces cas-là, on administre des doses d'α-tocophérol pour compenser le manque d'α-TTP fonctionnel et donc la faible absorption de vitamine E consommée via les aliments.
La vitamine E est largement utilisée dans l'industrie alimentaire et est un additif très bien documenté. Ce sont les propriétés antioxydantes qui sont utilisées dans les aliments gras pour inhiber l’oxydation et donc le rancissement de la graisse. Comme mentionné, la vitamine E est considérée comme très sûre à consommer et il n'y a donc aucune raison de s'inquiéter lorsqu'elle est utilisée comme additif, répertoriée sous un ou plusieurs des numéros E suivants : E 306, E 307, E 308 ou E 309. E306 est un extrait naturel riche en tocophérols (mélange de RRR-α-tocophérol, β-tocophérol, γ-tocophérol et δ-tocophérol et de R-α-tocotriénol, β-tocotriénol, γ-tocotriénol et δ-tocotriénol selon l'huile alimentaire dont on l’extrait) ; E370 est un α-tocophérol synthétique (c'est-à-dire un α-tocophérol tout racémique ); E308 est le γ-tocophérol synthétique (c’est-à-dire le γ-tocophérol tout racémique) et enfin E309 est le δ-tocophérol synthétique (c’est-à-dire le δ-tocophérol tout racémique). De nombreuses études à l’origine des évaluations sont basées sur les formes acétates et celles-ci sont donc également jugées sûres. En plus d'être un additif, on utilise également la vitamine E sous diverses formes comme complément alimentaire.
On utilise également beaucoup la vitamine E dans les cosmétiques, à la fois pour protéger les huiles et les graisses du produit et pour son effet sur la peau. La concentration varie considérablement dans différents produits. Les fabricants de vitamine E suggèrent d’en utiliser 0,01-0,04 % par rapport à la teneur en graisses du produit à protéger de l’oxydation (rancissement), et s’il y a beaucoup de graisses polyinsaturées, ils suggèrent d’en utiliser jusqu’à 0,2 %, car celles-ci sont particulièrement sujettes à l’oxydation. Le produit cosmétique contient souvent environ 0,01 à 0,5 % de tocophérol, et souvent une concentration légèrement plus élevée si, par exemple, on utilise de l'acétate de tocophérol. Il est généralement très sûr à utiliser dans les cosmétiques. Des cas d'allergie de contact induits par la vitamine E et ses dérivés existent, mais la fréquence est très faible par rapport à son usage répandu.
La vitamine E est sans aucun doute un antioxydant important et se trouve naturellement partout dans le corps, y compris dans et sur la peau. Les effets potentiels sont nombreux et certains ne sont pas encore clairement démontrés, mais les recherches futures apporteront, espérons-le, des réponses.
SOURCES :
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